jeudi 26 janvier 2012

La Way-C, la première tablette africaine


 Vérone MANKOU

Vendue à bas prix, dès la fin de ce mois, la “Way-C” est la première tablette conçue sur le continent noir. Selon son concepteur congolais (Brazzaville), elle devrait bientôt débarquer en Belgique.

C’est l’une des (bonnes) surprises à laquelle Vérone Mankou, 25 ans, concepteur de la “première tablette numérique africaine”, ne s’attendait pas du tout. Alors que son modèle était destiné à l’Afrique, voici que la moitié des 7 500 réservations en ligne proviennent… d’Europe. Dont une bonne partie de Belgique. “Mais pour votre pays, nous cherchons encore des distributeurs “, nous explique, via courriel, M. Mankou.
Malgré l’absence totale de promotion et d’action marketing vers le Vieux continent, la “Way-C” de la société VMK devrait donc prochainement arriver en Europe.
Mais cette tablette – que son concepteur présente comme la tablette “la moins chère du marché, du moins si l’on se base sur le rapport qualité/prix” – sera d’abord commercialisée, dès la fin janvier, au Congo- Brazzaville, patrie de M. Mankou. Son prix ? 150 000 francs CFA, soit environ 230 euros, pour une tablette tactile de 7 pouces et de 4 Gigas de mémoire, fonctionnant avec Android et disposant de la plupart des atouts de ses concurrentes. Le 3G en moins.
“La version actuelle n’est que Wifi, mais nous lancerons bientôt un modèle 3G, légèrement plus coûteux.” La “Way-C” a été présentée officiellement à l’ouverture du “Sommet sur les technologies Internet” de Brazzaville en septembre dernier devant plusieurs experts mondiaux.
Et quand on évoque le fait que cette tablette n’est pas vraiment africaine puisqu’elle est assemblée en Chine, à Shenzen, Vérone Mankou s’énerve (un peu). “En quoi l’Ipad serait une tablette américaine alors qu’il est aussi fabriqué en Chine ? Près de 90 % des tablettes sur le marché sont assemblés en Chine. La nôtre est africaine dans son design et sa conception.”
D’ailleurs, l’idée de l’ingénieur est, dans un second temps, de mettre au point une tablette “entièrement congolaise”. “Nous sommes actuellement en train de chercher des investisseurs pour créer une ligne d’assemblage au Congo. Cela nous permettrait de diminuer nos coûts, tant au niveau des transports que des taxes d’importation, pousuit le directeur général de VMK. Notre partenaire chinois a promis de nous aider à former notre personnel”
L’histoire de la tablette de VMK – dont la commercialisation a été plusieurs fois retardée – ressemble à celle du parcours du combattant. Le projet n’est pas neuf. Ainsi, M. Mankou explique que l’idée de cette tablette lui est venue dès la sortie, en 2007, de l’Iphone d’Apple. “A l’époque, je travaillais pour un fournisseur d’accès Internet à Brazzaville, explique-t-il. Nous planchions sur une solution pour donner davantage d’accès à Internet et à bas prix à la population congolaise. Quand j’ai vu le projet de Steve Jobs, j’ai eu comme une révélation. Je me suis dit qu’un gros Iphone bon marché, une tablette tactile, pouvait être la solution à ce casse-tête qui nous préoccupait.
En 2009, le jeune Congolais décide de voler de ses propres ailes et fonde son entreprise, VMK. “Dès cette époque, j’avais tout ce qu’il fallait, techniquement, pour lancer ma tablette, poursuit M. Mankou. Mais il me manquait les moyens financiers et j’ai donc laissé tomber”.
Faute de pouvoir lancer son projet, VMK se spécialise dans la communication Internet. Mais l’idée trotte encore et toujours dans la tête de Vérone Mankou, qui frappe à toutes les portes pour trouver des investisseurs. “Beaucoup de banques ont refusé poliment. Ici, elles ne croient pas trop en l’innovation, mais nous avons eu la chance d’être soutenus par l’Etat congolais qui a vu le potentiel de notre projet.” Notamment en matière d’éducation : un modèle allégé de la tablette, avec un microprocesseur moins puissant et un disque dur de 2 Gigas sera ainsi proposé dans différentes écoles congolaises, à moindre prix (100 000 CFA).
Bien qu’il lorgne vers les marchés européens, le directeur général de VMK croit plus que jamais au sursaut technologique africain.
Vous savez, sur le plan technologique, le marché occidental arrive à saturation. Les indicateurs nous le prouvent, la croissance des ventes des fabricants n’est plus aussi importante qu’auparavant, explique l’ingénieur. Dans les cinq années qui viennent, les marchés asiatiques et de l’Amérique latine le seront aussi. Sur la carte, il ne reste donc plus que l’Afrique où il y a tant à faire. Le potentiel est bien là, et est palpable. C’est un fait !”
La société VMK lancera d’ailleurs un smartphone en juin prochain.

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