vendredi 12 novembre 2010

Désaccords au G20 sur les moyens de relancer l'économie mondiale



Le président américain Barack Obama au sommet du G20 à Séoul, le 11 novembre 2010 (Photo Yonhap/AFP)

Vendredi 12 novembre 2010, 07h14
Les pays du G20 ont entamé jeudi soir à Séoul un sommet qui s'annonçe orageux, sur fond de "guerre des monnaies" et de tensions entre pays excédentaires et déficitaires sur le plan commercial, notamment entre la Chine et les Etats-Unis.
Ce cinquième sommet du G20 a débuté par un dîner de travail réunissant notamment les présidents américain Barack Obama et chinois Hu Jintao.
Le sommet s'annonce délicat pour M. Obama, affaibli par une récente défaite électorale. Il devra répondre aux critiques de la plupart de ses partenaires, qui accusent les Etats-Unis d'égoïsme en faisant tourner la planche à billets, via l'injection de 600 milliards de dollars supplémentaires dans leur économie.
Cette politique vise à "stimuler la croissance" aux Etats-Unis "mais aussi à l'étranger", a-t-il assuré jeudi.
Le président américain Barack Obama (D) et le président sud-coréen Lee Myung-Bak au sommet du G20 à Séoul, le 11 novembre 2010 (Photo Yonhap/AFP)

Mais il est "difficile de faire ça si nous commençons à voir les importants déséquilibres économiques qui ont contribué à la crise se développer à nouveau", a averti M. Obama, à l'issue d'une rencontre avec son homologue sud-coréen Lee Myung-Bak.
Parallèlement, la première puissance économique mondiale veut limiter les excédents des puissances exportatrices, Chine et Allemagne en tête.
Les Américains ont toutefois renoncé à réclamer un plafond de 4% du produit intérieur brut pour les excédents de la balance des comptes courants, une proposition fermement rejetée par Berlin et Pékin.
"Fixer politiquement des plafonds aux excédents ou aux déficits des comptes courants n'est ni économiquement justifié ni politiquement approprié", a affirmé la chancelière allemande Angela Merkel.
Le G20 pourrait au mieux déboucher sur un accord a minima demandant au Fonds monétaire international (FMI) d'élaborer des directives pour réduire les écarts entre pays déficitaires et excédentaires.
Le président chinois HU Jintao au sommet du G20 à Séoul, le 11 novembre 2010 (Photo Michel Euler/AFP)


"Des différences considérables persistent sur les questions des monnaies et des déséquilibres des comptes courants", a déclaré le porte-parole de la présidence du G20, Kim Yoon-Kyung, après des discussions mercredi entre hauts responsables des Finances.
M. Obama a souhaité que le communiqué final du sommet, qui faisait l'objet jeudi d'âpres négociations au niveau ministériel, "commence à mettre en place des mécanismes qui nous aideront à identifier et à encourager une telle croissance équilibrée et durable".
Le président chinois Hu Jintao s'est engagé de son côté lors d'une rencontre bilatérale avec M. Obama à renforcer le dialogue et la coopération avec Washington.
Mercredi, il s'était montré plus critique en appelant les Etats-Unis à "prendre leurs responsabilités et à faire face à leurs propres problèmes".
Les pays émergents craignent que la politique de relance américaine ne provoque chez eux un afflux d'argent spéculatif. Certains d'entre eux, comme le Brésil, ont pris des mesures pour limiter les mouvements de capitaux, qui restent étroitement contrôlés en Chine.
La chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part demandé que le G20 s'engage fermement contre le protectionnisme, que plusieurs pays redoutent dans le sillage d'une "guerre des monnaies".
"Il y a des craintes que nous soyons bel et bien entrés dans des dévaluations compétitives nous rappelant la Grande dépression" des années 30, a ainsi averti le premier ministre japonais, Naoto Kan.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s'est montré tout aussi dramatique en jugeant que le mondait courait "à la faillite" si les pays riches ne relançaient pas davantage leur demande intérieure, au lieu de privilégier les exportations.
Dans les rues de la capitale sud-coréenne, quelque 3.000 manifestants ont défilé contre la tenue du sommet "qui ne reflète pas le point de vue des travailleurs et des pauvres", a déclaré Jung Ei-hun, vice-président de la confédération syndicale KCTU.

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