mercredi 27 octobre 2010

Marché de la sécurité : des alternatives à la vidéosurveillance

« La vidéosurveillance a montré son efficacité en matière de prévention de la délinquance ». C’est la conclusion d’un rapport confidentiel du Ministère de l’Intérieur daté de juillet 2009.
Une vraie caution pour le Ministre, Brice Hortefeux qui souhaite augmenter le nombre de caméras publiques de 20 000 à 60 000 d’ici à 2011. Mais existe-t-il une alternative à ce Big Brother numérique ? Le journal de l’intelligence économique a enquêté en Suède.

Par Hermine MAUZÉ
 
C’est donc le "tout vidéosurveillance "…. Ou plutôt, le "tout vidéoprotection" si on en juge le léger glissement sémantique opéré depuis quelques temps. Mais les caméras  qui tapissent désormais le territoire, sont-elles pour autant un moyen efficace de prévenir la délinquance ?

Le rapport ministériel de la place Beauveau apporte quelques éléments de réponse. On y lit que la délinquance augmenterait deux fois moins dans les zones équipées de caméras et que les agressions n’ont augmentées que de 24,1% alors qu’elles ont progressé de 40% depuis l’an 2000 en France dans les zones non équipées de caméras.

Dans cet imbroglio de chiffres, on a beaucoup de mal à se repérer. On comprend surtout que la délinquance ne baisse pas, disons qu’elle augmente moins vite. La différence est de taille. Dans ce débat sur l’efficacité du système les mots revêtent une importance particulière.

Et hors de France le constat est le même. L’Angleterre, par exemple est le pays le mieux équipé du monde, mais les chiffres ne sont pas convaincants. Le directeur de Scotland Yard à Londres parle d’un taux d’élucidation qui a progressé de 4% au maximum. La plupart des commerces attaqués, le sont par des voyous masqués, rarement identifiables. D’autre part, il n’y a pas suffisamment de personnel derrière les caméras. Pour pallier ce manque les londoniens font alors appel à des sociétés privées, ce qui pose un autre problème : un citoyen ordinaire peut il déclencher l’action publique ?

Certains employés de la grande distribution déclarent même à demi-mots que ces dispositifs vidéo ne sont pas seulement utilisés pour prévenir les attaques mais également pour surveiller les employés !

Pourtant la vidéosurveillance n’est pas la panacée. D’autres solutions existent. Il y a quelques années la Suède accusait un taux de criminalité record, elle a alors trouvé une solution pour se prémunir des braquages. Des grandes enseignes, à l’instar de « Seven Eleven » spécialisée dans la vente au détail se sont dotées de caisses blindées. Les caissiers n’ont désormais plus accès à la monnaie fiduciaire et ne craignent plus les attaques. En sus, fini les erreurs de comptabilité. Ils ont vraiment gagné en sérénité.

Lors du transfert de ces cassettes, les convoyeurs de fond sont également protégés. Une encre indélébile macule les billets en cas d’attaques et les rends inutilisables.

Ce système qui paraît efficace tend à se généraliser et à se perfectionner, certaines enseignes mondiales comme Ikea s’y sont converties. Et même si ce dispositif a un coût, il peut séduire les commerçants qui y voient  un  moyen efficace de décourager les malfaiteurs. La vidéosurveillance a donc des concurrents qui pourraient lui prendre de belles parts de marché. Un cas d’étude en matière d’intelligence économique.

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